Depuis quelques années, une philosphie a pris d’assaut le Web et nos vies: le « slow movement ». Qu’il s’agisse de ralentir notre consommation ou notre rythme de vie, ce mouvement trouve écho dans de nombreuses sphères de la société: alimentation, voyage, organisation des horaires de travail…
Jusqu’aux créateurs de contenu dont certains entendant ainsi contrer l’infobésité et lesnackable content, vite consommé et tout aussi vite oublié. La #slowcom est une vision alternative de la communication dérivée du «slow movement».
Origine du slow movement
L’anecdote veut que le mouvement prônant la lenteur et la qualité, par opposition à l’industrialisation et la (sur)abondance, serait né dans les années 1980 en Italie. Carlo Petrini, journaliste, sociologue et critique culinaire piémontais, à la tête d’un groupe de gourmets locaux, porte un nouveau regard sur l’alimentation et l’agriculture. En 1986, ils manifestent contre l’implantation au coeur de Rome d’un restaurant de la grande marque aux arches jaunes.
Depuis, on a vu naître de nombreux styles et philosophies de vie vantant les joies de la lenteur et de la qualité par opposition au mythe de la performance où l’on doit aller toujours plus vite et produire toujours plus.
À moins d’avoir vécu jusqu’à récemment en autarcie complète, vous avez sûrement entendu parler par exemple du hygge, cette philosophie de vie scandinave où lenteur et cocooning s’associent pour faire rempart à la folie ambiante de nos vies modernes. Des villes comme San Francisco adoptent des politiques valorisant la réduction et le ralentissement de la surconsommation.

Qu’est-ce que la #slowcom?
Le slow movement a aussi atteint le Web et la création de contenu. La #slowcom prend le contre-pied de la tendance de la dernière décennie de courir toujours plus après la croissance. Toujours mieux se positionner, être plus visible et plus connu, à tout prix, en alignant des chiffres que l’on n’est même pas toujours capable de qualifier.
Cette culture de la performance a amené de nombreuses entreprises à ne plus écouter les humains qui les composent, à ne plus leur faire confiance. La #slowcom propose de revenir à l’essentiel: les humains. À redonner du sens à ce qu’on fait en diffusant une information utile et pertinente, plus fouillée, plus approfondie.
Cela nécessite conséquemment un rythme de diffusion plus long, puisque la création de contenus, par exemple, prendra plus de temps, de son idéation à sa conception. Ralentir pour contrer le mythe de la performance où « plus vite » est faussement synonyme de meilleur.
Le retour, certes encore timide, de l’imprimé dans ce tout numérique en est un signe fort: un contenu plus long à produire, souvent plus approfondi, voire plus raffiné, quasiment qualifié de luxueux.
Pourquoi ralentir la communication?
Pensez à toutes ces fois où un gourou du Web vous aura dit qu’il faut être fréquemment présents sur les médias sociaux sinon on disparaît du décor. Peut-être vous posez-vous la question de l’intérêt d’en faire moins dans une ère où la (sur)production et la (sur)consommation de contenus et d’information semblent la clé du succès.
Comme en environnement, en alimentation ou en mode, la boulimie qui s’est emparée de nos sociétés est mauvaise aussi en communication. La #slowcom propose plutôt d’utiliser la technologie (et Internet) pour être plus efficace et utile, pas pour remplacer les interactions humaines avec des réponses automatisées et du contenu préfabriqué.

Prendre le temps de bien faire les choses
En adoptant la #slowcom, j’adopte un nouveau paradigme: la satisfaction immédiate, c’est bien; bien faire les choses est une meilleure gratification encore.
Pour moi, les grands principes ramènent les interactions Web à l’échelle humaine:
- s’accorder 24 heures pour répondre à un courriel ou un message plutôt qu’utiliser les réponses automatiques, s’offrant la satisfaction de communiquer d’humain à humain.
- savourer le plaisir d’obtenir des réponses à nos questions grâce à un spécialiste plutôt qu’une foire aux questions
- oser produire des contenus plus longs et plus gros, en réduisant la quantité du contenu qu’on diffuse et ne pas s’en sentir coupable.
- arrêter de croire que l’être humain peut être multitâche, même nos ordinateurs ne le sont pas. Il s’agit de l’illusion du parallélisme, dont parle notamment Neil Pasricha dans son livre The Happiness Equation:
Quand le passage d’une tâche à une autre est parfaitement programmé et coordonné, tout le monde croit que vous faites réellement deux choses à la fois. En réalité, vous passez votre temps à passer d’une activité à l’autre.
Les 3 R de la #slowcom
Vous aimeriez ralentir votre communication sans disparaître des radars? Appliquez le principe des 3R!
- Revisiter: les actions et le matériel qui existe déjà. Quoi garder? Quoi changer et comment? Parle-t-on de nouveaux formats, de nouveaux sujets?
- Revaloriser: Le contenu et les actions que l’on garde méritent qu’on déroule à nouveau le tapis rouge. Repartager cet article phare qui demeure d’actualité, cette vidéo qui a connu tant de succès.
- Recycler: Le contenu et les actions que l’on a revisité et qui méritent de changer de formats. Un long texte de 3000 mots pourrait-il devenir un podcast? Cette vidéo de 3 minutes qui dort sur votre chaîne YouTube gagnerait-elle à être découpée en séquences plus courtes et insérées dans autant d’article sur votre blogue?
Pensez votre contenu afin qu’il soit durable (evergreen) plutôt que trop rapidement consommé/consommable. Offrez du contenu pertinent, souvent plus long, plus structuré, plus fouillé, plus esthétique selon le média choisi.
La #slowcom accessible à tout le monde
Il peut sembler être plus difficile à appliquer pour une entreprise puisque ce type de contenu plus personnalisé nécessite une lourde gestion de la conception et de la diffusion. Par contre, cela prend tout son sens dans un contexte de blogue personnel ou d’entreprises individuelles.
En cherchant #slowcom sur Instagram, j’ai notamment découvert le compte Signé Paulette. Cette créatrice visuelle de talent est spécialiste en stratégie numérique et valorise la communication éthique et responsable. Autoentrepreneure (et addict au café comme moi), je lui ai donc demandé de m’expliquer ce que la slow com signifie pour elle:
Pour moi la slow com, c’est communiquer de façon qualitative: l’histoire du « faut publier une fois par jour et être au taquet » n’est pas mon truc. La slow com, c’est prendre le temps de communiquer, de parler et de faire passer son message avec efficacité et non rapidité. C’est être là quand il faut et non tout le temps, il faut éviter les publicité tape à l’œil et être le bon reflet du message à véhiculer. Dire peu, mais mieux.
– Signé Paulette, signepaulette.com
Il n’est donc pas impossible de faire des affaires tout en valorisant une nouvelle forme de communication, elle le prouve avec brio assez régulièrement d’ailleurs sur Instagram.
Alors, êtes-vous prêts à embarquer dans le mouvement #slowcom avec moi? Signalez-le moi en commentaires!

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[…] un peu dans la lignée du #slowcom (pensez ralentissement au niveau des communications), dont L’Autre Véro fait un excellent travail d’explication, je me suis penchée sur l’idée qu’une réduction de mon activité sur Facebook […]